Cet article aurait dû être écrit et publié il y a deux semaines.

J'avais cousu tout le weekend, en mode “allez, les copies à corriger, ça attendra bien la semaine.” J'étais tellement contente de moi que j'avais fait une petite danse de la victoire, toute joyeuse.

Et puis dès le début de la semaine, à l'occasion d'une rencontre avec le proviseur au détour d'un couloir, mon insouciance a été brisée une première fois. Rien de grave, juste la petite phrase que tout prof sait qu'il doit entendre tous les 3/4 ans “Vous allez être inspectée la semaine prochaine!” Branle bas de combat dans la chaumière! Heureusement, dans les moments de stress, je peux compter sur les copines ( xxx les filles).

Et puis le weekend dernier, l'horreur. Beaucoup de choses on été dites, il faut gérer ses propres émotions, les réactions des élèves, les médias... je dirai simplement que la gaieté n'était pas le sentiment dominant.

Mais, je crois que, petit à petit, pour tout ceux qui ont la chance de ne pas pleurer un proche, il faut relever la tête, ne pas donner la moindre satisfaction aux assassins qui voudraient nous plonger dans l'obscurité, et retrouver notre joie de vivre.

Aussi, je vais l'écrire, cet article joyeux et régressif.

J'avais depuis longtemps dans mes dossiers le patron gratuit du haut Plantain de Deer and Doe, classique absolu de toutes les couturières, que l'on voit partout. Je ne comprenais pas vraiment cet engouement: un T-shirt manches longues ou ¾ tout à fait banal à première vue...

Autre inconvénient, étant donné qu'il s'agit d'un patron offert gratuitement (merci! Merci!), il n'est disponible qu'en pdf, donc charge à l'intéressé(e) d'imprimer/découper/coller les différents morceaux. Je ne vous raconte pas la tête de Seb (lom qui partage ma vie), lorsque j'ai commencé à étaler les feuilles dans le salon... mais il n'a rien dit.

Ensuite, on décalque le patron, que l'on reporte ensuite sur le tissu, comme d'habitude. Et cette étape est toujours aussi *@ù%ê#&µ! Surtout que mon chat ADORE le bruit du papier à patron et ne se lasse jamais de se rouler dedans, et alors lorsqu'en plus ce papier est épinglé sur du TISSU, là c'est la fête! Je la pousse, elle revient, je la pousse, elle me donne un coup de patte, je la vire de la pièce et elle miaule derrière la porte jusqu'à ce qu'elle s'aperçoive qu'elle est dans la chambre où il y a son plaid préféré. Et enfin j'ai la paix pour quelques minutes.

Revenons à nos oignons, parlons un peu du tissu: la révélation!

Les commentaires et articles lus ici ou là laissaient entendre que coudre le jersey était un véritable défi: je m'offusque, je proteste!

J'avais choisi deux coupons de jersey, couleurs aubergine et nougat (à croquer!), sur Little Fabrics. Ils sont bi-extensibles (fibres étirables dans les deux sens), ce qui aura son importance plus tard, et un peu “épais”, on sent qu'il y a de la matière. Je n'ai de point de comparaison qu'avec le jersey des vêtements du prêt à porter, mais ils me semblent d'excellente qualité, et j'en rachèterai les yeux fermés.

Concernant la découpe, j'ai dû rester vigilante toute la soirée pour distinguer l'endroit et l'envers. Et pour le premier, je n'ai pas fait attention, et n'ai pas coupé le tissu dans le bon sens, c'est à dire que si on regarde les “lignes” que forment le tissage, elles sont horizontales et pas verticales sur mon top beige; c'est un peu étrange, mais il faut vraiment observer attentivement pour s'en rendre compte, et comme les fibres sont bi-extensibles, cela ne pose aucun souci finalement.

Les explications du livret sont claires, l'assemblage des manches m'a semblé notamment plus simple que pour la robe Sureau, mais c'est peut être dû à la moindre quantité de tissu que je devais trimballer à chque manipulation. Par contre, je ne visualisais pas du tout, mais alors pas du tout le positionnement du biais d'encolure. Le forum Thread and Needles (ici) m'est venu en aide; de toute évidence, je n'étais pas la seule avec ce problème, et les photos (ici) ici ont clarifié les choses. Et il se monte en fin de compte assez facilement, il faut juste veiller à ne pas étirer ou plisser le tissu de la pièce de devant.

Et j'ai trouvé le jersey très agréable à coudre, avec l'aiguille spéciale et les points adaptés, il faut laisser vivre le tissu, ne pas le tirer sous le pied de la machine, et tout se fait sans problème.

De plus, aucun problème d'effilochage, pas besoin de surfiler, le bonheur.

Seul bémol: comment arrêtez-vous vos points zigzags? Moi ça fait tout moche. Ma mère me dit de ne pas faire de retour/point d'arrêt sur place, mais de ne pas rejoindre totalement l'extrémité de la couture, de garder de la longueur de fil, et, à la main et à l'aiguille, de l'arrêter sur l'envers. Avez-vous une autre technique?

Concernant le modèle en lui-même: je suis conquise, je viens grossir les rangs des fans!

Il est très ajusté sur le haut du buste, puis va en s'évasant, très flatteur et hyper confortable. Cousu le dimanche porté le lundi. Le modèle est féminin et joli, le tissu est souple, tout doux et enveloppant, moi ça me donne envie de bouger dans tous les sens, de faire du judo (j'en ai jamais fait), d'être un Power Ranger (force aubergine devant, nougat aux coudes), et de sautiller partout!

C'est mon nouveau basique, je le porte chez moi, au collège, pour faire les courses, je l'aime je l'adore.

Je vais faire le plein de jersey, et me coudre toute une famille de Plantain et autres T-shirt et robes souples pour l'hiver -ben oui, parce qu'en plus, il tient chaud!